Ouest Track Radio

Ouest Track Radio

Le Haut-Parleurs des Havrais•es

Ouest Track Radio

Le Haut-Parleur des Havrais•es

En cours de lecture

Les Rendez-vous de Philopop : Qui est barbare ?

Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 27 décembre 2020
Qui est barbare ?


Qui sont les Indiens ? Des barbares qu'il est juste de soumettre, ou des hommes libres et égaux ? Cette interrogation fut au cœur de la controverse de Valladolid en 1550 : elle devait permettre de répondre à la question de savoir s'il était légitime ou non de leur faire la guerre avant de les convertir à la religion chrétienne.
Vingt ans plus tard, c'est la même interrogation que reprend Montaigne (1533-1592) dans ses Essais sur les Cannibales (I, 31) et sur les Coches (III, 6). Nous suivrons ici sa réflexion.
Ainsi, peut-on dire d'un homme ou d'un peuple qu'il est barbare ? Ce terme s'entend en deux sens différents :- soit il qualifie l'état d'un homme (ou d'un peuple) qui n'a reçu aucune éducation et n'est pas civilisé (barbare est ainsi synonyme de sauvage et s'oppose à civilisé), soit il désigne une conduite particulièrement cruelle (barbare est alors synonyme d'inhumain).
Y a-t-il un lien nécessaire entre ces deux sens : l'inhumanité (la barbarie au 2ème sens) résulte-t-elle de l'absence de civilisation (la barbarie au 1er sens) ? Pour les Européens qui prennent pied en Amérique au XVIème siècle, la réponse est évidente : le cannibalisme que pratiquent les Indiens est la preuve manifeste de leur barbarie (de leur état sauvage). Pour Montaigne au contraire, ce jugement est fondé sur l'ignorance du mode de vie des Indiens.

1- Par quel raisonnement conclut-on que les Indiens sont des barbares ?
(c'est celui que tient notamment le théologien Sepulveda lors de la controverse de Valladolid)

Selon la définition héritée d'Aristote, l'homme est un « animal rationnel ». Mais parce que la raison ne se réalise pas naturellement au même degré chez tous les hommes, il y a des hommes naturellement inférieurs à d'autres : c'est, pense-t-on, le cas des Indiens qui, contrairement aux Européens, n'ont pas assez de raison pour se gouverner eux-mêmes et tombent ainsi dans la bestialité. On conclut alors qu'ils sont des barbares. Montaigne va montrer qu'il s'agit là d'un préjugé ethnocentrique qui nie la culture des Indiens.

2- La « présomption » est la source du préjugé ethnocentrique comme elle est celle du préjugé anthropocentrique

La « présomption » conduit les hommes à juger comme inférieurs les êtres qui sont différents d'eux. En définissant l'humanité par la raison, on prétend d'abord que les hommes sont supérieurs aux bêtes (censées en être dépourvues), puis on juge inférieurs (barbares) les hommes censés n'en avoir pas assez (exemple : les Indiens cannibales). Aussi, pour vaincre cette présomption, la bonne méthode consistera à réduire d'abord la différence que l'homme s'imagine entre les bêtes et lui (destruction du préjugé anthropocentrique), avant de montrer l'extrême diversité qui sépare les hommes (destruction du préjugé ethnocentrique). Tout se concentre dans cette formule : « Il y a plus de distance de tel homme à tel homme qu'il y a de tel homme à telle bête » (cette réflexion est menée au début de l'Apologie de Raymond Sebond, II, 12)

3- La destruction du préjugé ethnocentrique : « Il y a une étonnante distance entre la manière d'être des Cannibales et la nôtre » 

a- La société des Tupinambas (Indiens du Brésil) ne ressemble à aucune de celles que nous connaissons, ni même à ce que les philosophes Platon et Aristote ont pu concevoir
b- Il faut distinguer les termes de « sauvage » et de « barbare » : 1- le sauvage est celui qui n'est pas corrompu par l'histoire : il ne doit plus être jugé en référence au civilisé, mais à l'inverse le civilisé (l'Européen) doit l'être en référence à lui ; 2- la notion de barbare revêt deux sens : un sens ethnocentrique (« chacun appelle barbarie ce qui n'est pas dans ses coutumes ») et un sens moral qui n'est attaché à aucune culture particulière (en ce sens, les cannibales sont barbares, mais sur ce terrain, « Nous les surpassons en toute sorte de barbarie », voir les guerres de religion en Europe)
c- La singularité du mode de vie des Tupinambas est étrangère à la définition de l'homme comme animal rationnel et politique : 1- leur nation est commandée par les seules « lois naturelles », ils n'ont donc pas besoin de la parole (de la raison) pour échanger et organiser leur société ; 2- ils affirment leur humanité par la guerre (une guerre fondée sur la recherche de l'honneur, et non sur la cupidité)

4- Le préjugé ethnocentrique comme obstacle à la connaissance de sa propre culture
Les « trois choses étranges » révélées par le regard des Indiens venus à Rouen sur les mœurs du royaume de France (fin de l'Essai sur les Cannibales)

Conclusion : comment parler du genre humain sans tomber dans le préjugé ethnocentrique ?
Site de PHILOPOP: https://sites.google.com/site/philopoplh/


En cours de lecture

Metaclassique : Oeuvrer

Depuis six mois, je passais des heures entières chaque jour à « essayer » des pseudonymes, je les calligraphiais à l’encre rouge dans un cahier spécial. Ce matin même, j’avais fixé mon choix sur « Hubert de la Vallée », mais une demi-heure plus tard, je cédais au charme nostalgique de « Romain de Roncevaux ». Mon vrai prénom, Romain, me paraissait assez satisfaisant. Malheureusement, il y avait déjà Romain Rolland et je n’étais disposé à partager ma gloire avec personne. Tout cela était bien difficile. L’ennui, avec un pseudonyme, c’est qu’il ne peut jamais exprimer tout ce que vous sentez en vous. J’en arrivais presque à conclure qu’un pseudonyme ne suffisait pas, comme moyen d’expression littéraire, et qu’il fallait encore écrire des livres.

Romain Gary semble avoir projeté dans sa vie d’artiste l’opportunité d’une vie résolue, voire absolue ou bien intégralement auto-décisive, avec la contrainte peut-être impossible qu’elle soit même pleine et entière. Depuis quelques mois, le comédien Robin Renucci et le pianiste Nicolas Stavy tournent un spectacle où des textes de Paul Valéry, Romain Gary, Arthur Rimbaud, Marcel Proust réunis autour de l’enfance à l’œuvre viennent en dialogue avec pièces musicales plus ou moins gauches et essentielles. Le pianiste Nicolas Stavy et le comédien Robin Renucci sont les invités de ce 99è numéro de Métaclassique.

Une émission produite et réalisée par David Christoffel.


En cours de lecture

Piletta Louise

Piletta, la jeune héroïne, part, en pleine nuit et en secret, à la recherche d’un remède miracle pour sauver sa grand-mère malade.

Sa quête la conduira dans un monde inconnu, dont elle ne connaît pas les codes. Une ville, comme (presque) toutes les autres, gouvernée par le mensonge, la trahison, la manipulation et l’argent. Elle fera là-bas des rencontres plus ou moins heureuses… Elle croisera la route de l’inquiétant Homme Fil de Fer, la triste Mme Plomb, le charmant Luis Plata ou encore l’intrépide Karim.

Elle fera la rencontre de la peur, de l’amour, de la haine, des espoirs et désespoirs du monde, pas si lointain, des adultes.

Ce monde dont on rêve quand on est enfant, ou… dont on fait des cauchemars.

Dans ce projet, tout est original et fait maison par Le Collectif Wow ! (avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles).

“Piletta Louise” sera en compétition au 10ème Festival de la Radio et de l’Écoute Longueur d’Ondes, à Brest.


Voix : Émilie Praneuf, Amélie Lemonnier, Benoit Randaxhe, Florent Barat, Clément Salles, Angèle Baux-Godard, Mélanie Plüss, Jeannine Gretler, Charlie Henry
Ingénieur Son : Michel Bystranowski
Création Musicale : Benoit Randaxhe, Salsky Jr., Alexandre Jacob et Ronny Kacem-Bassam (avec la participation exceptionnelle et remarquée de Bruno Jacob, Marine Vanhaesendonck, Marie Paillette et Charlie Henry)
Illustration : Suzanne Arhex