Entretien avec Jean-Yves Ruf
C’est une étonnante fresque qui se déploie devant nous, souvent drôle, touchante, et qui dénoue les fils de la culpabilité, de la peur et d’une tendresse enfin épanouie. Les mots du père prennent toutes les formes de l’émotion, jusqu’à ses conseils pour traverser le Styx sans encombre : garder ses talons aiguilles et sa robe rouge pour amadouer la commission des Grecs, qui fixe le destin des morts.
En collaboration avec Paul Minthe, Jean-Yves Ruf se frotte pour la seconde fois à l’écriture farouche de l’auteur italien Antonio Tarantino. Il propose une mise en scène sobre et épurée de ce texte limpide, qui s’amuse avec un plaisir baroque des changements de tons, emmêle les sentiments entre justifications, récits burlesques, imprécations, aveux… Cette pudique déclaration d’amour nous laisse tous bouleversés par le mensonge magnifique de ce père offrant l’éternité à son fils.